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Topochronies

Topochronies est une fresque de musiques progressives créée en 2024 qui explore le subconscient collectif québécois à travers les archives sonores. Cette section du site présente la démarche, les principales étapes de création et les documents de travail en lien avec ce projet.


Depuis plus d’une vingtaine d’années, Simon et Magella jouent ensemble dans divers projets. Ils ont enregistré en studio plusieurs sessions d’improvisations en duo claviers et batterie, dont certaines ont été diffusées sous forme de vidéos en 2011. Quelques années plus tard, ils ont commencé à improviser avec des instruments virtuels et des séquences manipulées en temps réel avec Ableton Live (voir des extraits ici). De ces expériences est né le désir de travailler plus en profondeur les possibilités de cette formation en créant un répertoire de compositions plus étoffées.

Une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) obtenue en 2017 a permis de créer la musique du projet Topochronies, conçu à l’origine dans l’optique d’un spectacle qui combine improvisation et composition, traitement en temps réel et séquences électroacoustiques et électroniques.

Simon Côté-Lapointe, claviers – Captation vidéo réalisée en 2017 (image : Martin Gauthier)
Magella Cormier, batterie – Captation vidéo réalisée en 2017 (image : Martin Gauthier)

Topochronies est un projet de musique mixte jazz-progressif-expérimental qui combine improvisation et composition, séquences électroacoustiques et électroniques, et instruments acoustiques et électriques. Composé et réalisé par le claviériste Simon Côté-Lapointe avec la collaboration du batteur Magella Cormier, l’album-concept est une fresque qui prend comme points d’ancrage l’histoire récente du Québec.

→ Accroches/teasers vidéo


→ Écouter en ligne


Liste des pièces

1ère partie

  • Introduction : les tranches du passé [1:43]
  • Prolégomènes ou d’abord plus loin [3:55]       
  • Et, je puis vous dire… [4:16]
  • La traversée du désert [3:24]
  • Répons de la nuit de la poésie [4:39]
  • Panis angelicus/Oublions le passé (partie 1) [11:35]

2e partie

  • Témoins muets des récits effacés [9:23]
  • Trois peintres du Refus Global [5:59]
  • Émergence du subconscient collectif [7:19]
  • Anthropologie interculturaliste [6:27]
  • Épilogue/Oublions le passé (partie 2) [5:09]

TOTAL : [63:51]

Musiciens

  • Simon Côté-Lapointe : composition et arrangements, piano, synthétiseurs, basse, kalimba, échantillonnage et traitements électroacoustiques
  • Magella Cormier : batterie, composition et arrangements
  • Jerry De Villiers Jr : guitare électrique (pistes 6, 7 et 9)
  • Tariq Amery : saxophones ténor (2 et 8), soprano et alto (9)
  • Nicola Carillo : guitare électrique solo (3)
  • Michaël Cotnoir : guitare électrique ambiante (3)

Toutes les pièces ont été composées, arrangées et mixées par Simon Côté-Lapointe avec la collaboration de Magella Cormier (SOCAN 2024);

Enregistrées et mixées en 2023 et 2024 au studio 1982 (Longueuil) et au studio Magma (Notre-Dame-de-Bonsecours).

Matriçage, graphisme et œuvre de la couverture du livret : Simon Côté-Lapointe.

La création de cette œuvre a été rendue possible grâce à l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ).

Archives et sources sonores utilisées

  • Narration de Jean-Louis Millette. Source : Montréal citée : 60 ans d’histoire à travers les archives sonores, 1992. (piste 1)
  • Discours du général De Gaulle, Montréal, 24 juillet 1967. Source : Office National du Film du Canada. (piste 3)
  • Discours de René Lévesque, Montréal, 20 mai 1980. Source : Radio-Canada Archives. (piste 4)
  • « Marie-Victorin parle d’un arbre », [1930-1942]. Source : Montréal citée : 60 ans d’histoire à travers les archives sonores, 1992. (piste 4)
  • « La Nuit de la poésie, 27 mars 1970 », extraits de Michèle Lalonde (Speak White) et Claude Gauvreau. Source : Office National du Film du Canada. https://youtu.be/t_YXwoEVxjw?si=03wmGWq0pvtmH5ya (piste 5)
  • « Panis angelicus », composé par César Franck; interprété par Joseph Saucier, baryton. Source : Berliner Gram-O-Phone Co, Montréal, [1900?] Source : BAnQ. https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/1257 (piste 6)
  • « Oublions le passé », composé par Dickson; interprété par Torcom Bézazian, baryton avec orchestre. [New-York] : Columbia Record, [1915?] Source : BAnQ. https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/736 (pistes 6 et 11)
  • « Québec en 2060 », synthèse vocale d’un poème composé par ChatGPT et Simon Côté-Lapointe. (piste 7)
  • « HOKURO », Sachiyo Honda, Sabri Meddeb, Michael Northam (accordion, objects, strings, winds, voices and electronics), [2009]. Source : radio aporee maps, Internet archive. https://archive.org/details/Hokuro-StandingWaves (piste 7)
  • Extraits d’entrevues de Fernand Leduc (1996), Paul-Émile Borduas (1954) et Jean-Paul Riopelle (1981). Source : collection « Ils ont dit », BAnQ. (piste 8)
  • « 1348 – Corporate Werks » (2009), « We Know Time » (2009). Source : The Noise-Arch Archive, Internet archive. https://archive.org/details/noise-arch (piste 9)
  • George Kingsley Roth: Fijian Music, Songs and Dances: Doc.381, ‘Nose flutes and shell trumpets’, 1957. Source : University of Cambridge, World Oral Literature Project Collections. http://www.dspace.cam.ac.uk/handle/1810/244326 (piste 10)
  • « Enonyi kolojjo khumutiyeere », [1964-1997]. Source : Peter Cooke Uganda Collection, British Library. (pistes 3 et 10)
  • Free music archives https://freemusicarchive.org/ [extraits]

Répons de la nuit de la poésie [vidéo]

Archives sonores et visuelles utilisées :

“La Nuit de la poésie, 27 mars 1970”, extraits de Michèle Lalonde (Speak White) et Claude Gauvreau. Source : Office National du Film du Canada. https://www.youtube.com/watch?v=t_YXwoEVxjw&t=0s

“Emak-Bakia”, Man Ray (1926), https://archive.org/details/man-ray-emak-bakia-1927

→ Démarche

Fruit d’un travail échelonné sur 7 ans, Topochronies prend comme point de départ un lieu (topo), le Québec, exploré à travers ses temporalités (chrono) manifestées par des archives sonores qui sont autant de points d’entrée ou d’encrage pour construire les compositions. Il en découle un voyage à travers l’inconscient collectif québécois envisagé sous le prisme de l’inconscient du compositeur Simon Côté-Lapointe.

Des extraits d’archives sonores sont utilisés tout au long de l’album, tantôt comme trame narrative, tantôt comme matériau musical. On peut y entendre entre autres le général De Gaulle, René Lévesque, les poètes Michèle Lalonde et Claude Gauvreau, le frère Marie-Victorin ainsi que les peintres Fernand Leduc, Paul-Émile Borduas et Jean-Paul Riopelle. Les pensées, émotions, textures et non-dits que les archives évoquent interviennent à différents niveaux rendus possibles selon les composantes des documents mises à profit : contenus, contenants, contextes. Chaque section procède d’un processus compositionnel différent qui emprunte au jazz, au fusion et au progressif; aux musiques du monde, actuelle, électroacoustique et électronique. Les compositions sont structurées autour de riffs aux rythmiques complexes souvent asymétriques (13, 15, 7) sur lesquels se superposent une harmonie et des mélodies polymodales, voire dans certaines sections, polytonales.

À cela s’ajoute les claviers et la batterie virtuoses de Côté-Lapointe et Cormier qui tiennent une bonne place au sein d’arrangements et d’orchestrations étoffés. Des solistes invités les rejoignent sur quelques pistes : les guitaristes Jerry De Villiers Jr et Nicola Carillo ainsi que le saxophoniste Tariq Amery. Il en résulte une œuvre-somme unique et dense dans laquelle s’imbriquent les diverses influences et techniques explorées depuis 20 ans par Côté-Lapointe, une galerie de tableaux contrastés que l’apport dynamique et polyrythmique de Cormier vient rehausser.

Photographies prises le 15 ‎février ‎2018 lors d’une séance de travail chez Magella (GIF, 2025)

→ Toute voix porte en elle [écrit sur l’album]

À la demande de Simon, le texte suivant a été écrit lors de l’écoute de l’album par l’auteur et artiste Alexis Desgagnés.

Images

Des photographies imprimées sur carton et peintes ont été réalisées par Simon Côté-Lapointe pour la pochette de l’album et des vidéos.

“Lieux d’archives” : un voyage dans le subconscient collectif à l’aide d’archives

Vidéo artistique créée à partir d’archives québécoises, “Lieux d’archives” explore le potentiel d’évocation des photos anciennes et des écrits provenant d’archives québécoises.

Dans le cadre du projet de recherche “Carnets recherche-création”, le professeur d’archivistique Yvon Lemay, co-directeur de ma thèse complétée en 2019, m’a invité à créer une œuvre à partir d’archives québécoises en puisant à travers la banque d’images et de textes sélectionnés au “terme d’une tournée sur le Web des lieux dédiés aux archives au Québec amorcée en 2022 dans le cadre du 2e volet [du] projet de recherche-création” (Lemay, 2024, communication personnelle). M’est venue l’idée de faire une vidéo expérimentale qui mettrait en valeur l’émotion et la valeur esthétique de ces photographies et textes qui, pour moi, évoquent une part du subconscient collectif québécois.

Nouvelle parution

“Chantier pour une archivistique depuis l’exploitation. Notes de recherche 2”


par Y. Lemay, A. Klein, A. Winand, S. Côté-Lapointe et W. Yoakim

Téléchargeable en accès libre ici : http://hdl.handle.net/1866/22701

Résumé : “Quelle serait l’archivistique si on la concevait depuis l’exploitation ? En se proposant de répondre à cette question, nous cherchons à mettre en évidence les divers aspects à prendre en considération dans une approche de la discipline selon l’exploitation. Notre démarche collaborative s’inscrit dans le deuxième objectif du projet de recherche « De la diffusion à l’exploitation : nouveau regard sur l’archivistique », à savoir enrichir la conception des archives en fonction de l’exploitation. Un glossaire, qui regroupe les définitions des termes en lien avec l’exploitation, est à même d’offrir une vue d’ensemble de cette nouvelle approche. Par ailleurs, suite à l’exposition « Conrad Poirier, photoreporter (1912-1968) » soulignant l’entrée dans le domaine public de l’œuvre du photographe montréalais, nous avons choisi d’inclure de ses photographies ainsi que des œuvres produites à partir de celles-ci par Simon Côté-Lapointe à nos propos. Ce faisant, nous visions à ce que les photographies puissent faire image à nouveau, à rendre tangible l’exploitation des archives.”

Diffusion et exploitation artistique des archives à l’aune du numérique

Table ronde organisée dans le cadre de l’exposition «Conrad Poirier photoreporter (1912-1968) : Valoriser les biens communs du domaine public»


Animation de la table ronde :

• Yvon Lemay, professeur à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information à l’Université de Montréal et responsable du certificat en archivistique.

Intervenants :

• Marie Martel*, professeure adjointe, École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, Université de Montréal
• Annaëlle Winand*, doctorante à l’EBSI, Université de Montréal
• Simon Côté-Lapointe, compositeur, créateur sonore et vidéaste, doctorant à l’EBSI, Université de Montréal

Le lundi 11 mars 2019 de 16h30 à 18h30

Au Carrefour des arts et des sciences de l’Université de Montréal, Salle C-1017-02, 3150, rue Jean-Brillant, Montréal

Entrée libre!

Exposition Conrad Poirier

Conrad Poirier (photoreporter 1912-1968)

“Valoriser les biens communs du domaine public”

Exposition à l’Université de Montréal


Je suis heureux de collaborer en tant qu’artiste visuel à l’exposition soulignant la tombée dans le domaine public des photographies de Conrad Poirier.

du 24 janvier au 31 mars 2019

Local C-3061, Carrefour des arts et des sciences, Pavillon Lionel-Groulx, Université de Montréal

Pour en savoir plus sur l’exposition :

https://domainepublic.savoirslibres.ca/2019/09/conrad-poirier/

Démarche de création

(Texte tiré de l’exposition)

Il y a trois composantes d’un document : contenu, forme et contexte. Le contenu correspond à la part abstraite, au signe, à l’essence, au signifiant, au fond et à l’objet du message, l’information et la connaissance qui visent à être transmises. Le contenu est ce qui est perceptible et interprétable comme véhiculant un sens. Il ne peut exister sans une forme qui en définisse ses limites temporelles et spatiales. Il n’a de sens que parce qu’il s’insère dans un contexte humain plus large. La dimension de la forme réfère quant à elle aux aspects du contenant, du format, de la structure, du signifiant, du support, de la manifestation, de la matérialité, de la technique, de l’inscription, de la trace et de la délimitation temporelle et spatiale du document. La forme correspond aux modalités de l’organisation intellectuelle et physique du contenu. La dimension du contexte réfère aux aspects sociaux et techniques (ce qui permet d’inscrire et de lire) ainsi que les métadonnées du document, soit les informations extérieures au document. Le contexte est le liant (humain, temporel, spatial, technique, etc.) entre le contenu et le contenant.

Les trois composantes (contenu, forme et contexte) s’articulent en quatre grandes strates définissant le document et son processus de constitution : expression, inscription, transmission et lecture. La première strate est l’expression, qui conjugue le signifiant et le signifié sous un mode spécifique (un média sonore, visuel, etc.) permettant au contenu de l’œuvre d’être exprimé. Ce contenu peut se manifester sous différentes formes et grâce à son inscription sur un support. La deuxième strate du document est l’inscription. L’inscription est la résultante de la fixation de l’expression du contenu sur un support. Le document est un artéfact, une inscription qui s’insère dans un système, un contexte de production et de consultation. Troisième strate, la transmission est l’organisation du document par son détenteur dans un ensemble, une structure ou un dispositif plus large qui permet la sauvegarde et la médiation de son contenu et de son contenant à travers le temps à des fins de réutilisation ultérieure. Il s’agit aussi de la temporalité du document qui débute dès le moment de sa création. Le niveau de la lecture est la consultation et l’interprétation, la réappropriation du contenu, de la forme et du contexte du document.

Lorsque je m’approprie les photographies de Conrad Poirier, il est possible de faire appel tant aux composantes qu’aux strates documentaires. Ainsi, j’utilise tantôt l’expression en superposant la signification des objets représentés dans les photographies pour faire émerger un autre sens que celui d’origine. J’utilise tantôt la forme de l’expression des photographies, c’est-à-dire l’exploitation de leurs qualités esthétiques en elles-mêmes sans nécessairement faire référence à leur signification. Il est aussi possible de faire référence au contexte d’expression et d’inscription des photographies. Par exemple, certaines des photographies de Conrad Poirier ont été prises lors de la fin de la Seconde Guerre mondiale ou représentent des personnes connues. On retrouve des clins d’œil à ces contextes culturels dans l’œuvre Richard Trenet, tant par le titre que par la superposition des personnages célèbres.

Richard Trenet – Photomontage, Simon Côté-Lapointe 2019

L’inscription fixe les caractéristiques de la photographie : le type de pellicule, le type d’appareil, le format de l’image, le développement, etc. sont autant d’aspects à exploiter dans l’usage créatif des archives photographiques. Par exemple, dans Saut en hauteur, j’ai mis en perspective les traces de la pellicule et du format d’image en laissant apparaître les bords et les inscriptions de la photographie d’origine.

Saut en hauteur – Photomontage, Simon Côté-Lapointe 2019

La transmission est la dimension temporelle de la photographie. Elle se manifeste par les traces laissées par le passage du temps : les dommages qu’ont subis les photographies au fil du temps ainsi que les divers états par lesquels elles ont passé – notamment, dans le cas de Conrad Poirier, la numérisation et le traitement archivistique. La numérisation et la qualité du fichier numérique influent sur le contenu et la forme du document original, et ceci a une influence sur les utilisations. Par exemple, l’œuvre Photographe est réalisée à partir de copies numériques de piètre qualité, ce qui donne un grain spécifique à l’image. J’ai aussi exploité le contexte de transmission en intégrant dans certaines images les descriptions archivistiques des photographies.

Photographe – Photomontage, Simon Côté-Lapointe 2019

Cette création est en soi une forme de lecture (au sens large) qui transpose les contenus, formes et contextes accumulés lors de l’expression, l’inscription et la transmission des œuvres de Conrad Poirier qui deviennent dès lors de nouveaux contenus et formes qui s’inscrivent dans un contexte actuel. Cette réutilisation de l’œuvre de Conrad Poirier se manifeste donc par de nouveaux documents qui ont leurs propres contenus, formes et contextes, mais qui, par un procédé de sédimentation, héritent aussi des composantes et strates de leurs états subséquents, certains visibles, d’autres disparus, révélant ainsi la richesse du dialogue entre passé et présent que permet l’exploitation des archives.

Cliquez ici pour visionner l’ensemble des photomontages du projet :

Conrad Poirier : photomontages

Conrad Poirier : photomontages

Images créées en 2019 à partir de photographies du photoreporter Conrad Poirier (1912-1968)


Démarche de création pour le projet Conrad Poirier

Il y a trois composantes d’un document : contenu, forme et contexte. Le contenu correspond à la part abstraite, au signe, à l’essence, au signifiant, au fond et à l’objet du message, l’information et la connaissance qui visent à être transmises. Le contenu est ce qui est perceptible et interprétable comme véhiculant un sens. Il ne peut exister sans une forme qui en définisse ses limites temporelles et spatiales. Il n’a de sens que parce qu’il s’insère dans un contexte humain plus large. La dimension de la forme réfère quant à elle aux aspects du contenant, du format, de la structure, du signifiant, du support, de la manifestation, de la matérialité, de la technique, de l’inscription, de la trace et de la délimitation temporelle et spatiale du document. La forme correspond aux modalités de l’organisation intellectuelle et physique du contenu. La dimension du contexte réfère aux aspects sociaux et techniques (ce qui permet d’inscrire et de lire) ainsi que les métadonnées du document, soit les informations extérieures au document. Le contexte est le liant (humain, temporel, spatial, technique, etc.) entre le contenu et le contenant.

Les trois composantes (contenu, forme et contexte) s’articulent en quatre grandes strates définissant le document et son processus de constitution : expression, inscription, transmission et lecture. La première strate est l’expression, qui conjugue le signifiant et le signifié sous un mode spécifique (un média sonore, visuel, etc.) permettant au contenu de l’œuvre d’être exprimé. Ce contenu peut se manifester sous différentes formes et grâce à son inscription sur un support. La deuxième strate du document est l’inscription. L’inscription est la résultante de la fixation de l’expression du contenu sur un support. Le document est un artéfact, une inscription qui s’insère dans un système, un contexte de production et de consultation. Troisième strate, la transmission est l’organisation du document par son détenteur dans un ensemble, une structure ou un dispositif plus large qui permet la sauvegarde et la médiation de son contenu et de son contenant à travers le temps à des fins de réutilisation ultérieure. Il s’agit aussi de la temporalité du document qui débute dès le moment de sa création. Le niveau de la lecture est la consultation et l’interprétation, la réappropriation du contenu, de la forme et du contexte du document.

Lorsque je m’approprie les photographies de Conrad Poirier, il est possible de faire appel tant aux composantes qu’aux strates documentaires. Ainsi, j’utilise tantôt l’expression en superposant la signification des objets représentés dans les photographies pour faire émerger un autre sens que celui d’origine. J’utilise tantôt la forme de l’expression des photographies, c’est-à-dire l’exploitation de leurs qualités esthétiques en elles-mêmes sans nécessairement faire référence à leur signification. Il est aussi possible de faire référence au contexte d’expression et d’inscription des photographies. Par exemple, certaines des photographies de Conrad Poirier ont été prises lors de la fin de la Seconde Guerre mondiale ou représentent des personnes connues. On retrouve des clins d’œil à ces contextes culturels dans l’œuvre Richard Trenet, tant par le titre que par la superposition des personnages célèbres.

L’inscription fixe les caractéristiques de la photographie : le type de pellicule, le type d’appareil, le format de l’image, le développement, etc. sont autant d’aspects à exploiter dans l’usage créatif des archives photographiques. Par exemple, dans Saut en hauteur, j’ai mis en perspective les traces de la pellicule et du format d’image en laissant apparaître les bords et les inscriptions de la photographie d’origine.

La transmission est la dimension temporelle de la photographie. Elle se manifeste par les traces laissées par le passage du temps : les dommages qu’ont subis les photographies au fil du temps ainsi que les divers états par lesquels elles ont passé – notamment, dans le cas de Conrad Poirier, la numérisation et le traitement archivistique. La numérisation et la qualité du fichier numérique influent sur le contenu et la forme du document original, et ceci a une influence sur les utilisations. Par exemple, l’œuvre Photographe est réalisée à partir de copies numériques de piètre qualité, ce qui donne un grain spécifique à l’image. J’ai aussi exploité le contexte de transmission en intégrant dans certaines images les descriptions archivistiques des photographies.

Cette création est en soi une forme de lecture (au sens large) qui transpose les contenus, formes et contextes accumulés lors de l’expression, l’inscription et la transmission des œuvres de Conrad Poirier qui deviennent dès lors de nouveaux contenus et formes qui s’inscrivent dans un contexte actuel. Cette réutilisation de l’œuvre de Conrad Poirier se manifeste donc par de nouveaux documents qui ont leurs propres contenus, formes et contextes, mais qui, par un procédé de sédimentation, héritent aussi des composantes et strates de leurs états subséquents, certains visibles, d’autres disparus, révélant ainsi la richesse du dialogue entre passé et présent que permet l’exploitation des archives.


Vidéo créée dans le cadre de l’exposition “Conrad Poirier (photoreporter 1912-1968) : Valoriser les bien communs du domaine public“, Université de Montréal 24 janvier au 31 mars 2019.

Le Sphinx – Documentaire

Musiques de Martin Gauthier et Simon Côté-Lapointe


Un voyage initiatique dans l’univers de l’artiste visionnaire Jean Pronovost, créateur d’œuvres hautement revendicatrices, où le symbolisme et la mythologie occupent une part très importante de son art. Nous y découvrirons son œuvre la plus achevée, le Sphinx, véritable pont temporel qui remet l’identité de l’homme en question.

Réalisé par Martin Mc Kay, produit par Igor Simonnet et narré par l’acteur Guy Nadon, le film relate tout le parcours créatif qui a mené à la naissance de cette sculpture évocatrice.

Visionnez ici le documentaire complet :

Inspiré par ses périples en Europe où le créateur a vu différentes représentations du Sphinx, cette figure importante de la mythologie millénaire agissait à l’époque comme gardien de la civilisation chez les Égyptiens. Ainsi,Pronovost convertit les attributs anciens de ce symbole pour l’incarner parfaitement dans la modernité. Un homme gigantesque, représentant l’avidité de notre société contemporaine, tient un lingot d’or dans sa main droite qu’il a dérobée au trésor public, tout en tenant, dans sa main gauche, le marteau de la Justice. Repose sous lui, un coffre-fort vidé de son contenu. Dans cette création, le Sphinx symbolise l’espoir, car il terrasse les excès de la bêtise humaine.

Cette pièce de 800 livres et démontable en 5 morceaux est composée essentiellement de bronze, de résine et d’acier. L’artiste a investi des milliers d’heures de dur labeur pour donner vie à cette colossale sculpture conçue entre 2009 et 2012.

Site web de Jean Pronovost : http://www.jeanpronovost.com/fr/nouvelles/le-sphinx-un-court-metrage-relatant-la-genese-dune-oeuvre-monumentale.html

La première du film a eu lieu le 26 octobre 2017 dernier au centre PHI. 

 

Graphisme

Collection de travaux graphiques réalisés pour des livres, revues, albums musicaux et projets web.


Livres

Musique

Autres projets

Congrès de l’AAQ 2017

Congrès de l’Association des archivistes du Québec 2017


Je suis heureux de participer au 46ième congrès de l’Association des archivistes du Québec (AAQ) qui se déroule du 31 mai au 2 juin 2017. J’y ferai une présentation dans le cadre de la session ”En marge de l’archivistique : pratiques filmiques et vidéographiques comme moteurs théoriques et pratiques de la réflexion archivistique” avec Annaëlle WinandSonya Stefan et Guillaume Vallée.

Mercredi le 31 mai à 15h15 au Palais des congrès de Montréal

 

En marge de l’archivistique : pratiques filmiques et vidéographiques comme moteurs théoriques et pratiques de la réflexion archivistique

Les mutations technologiques et les développements numériques qui marquent notre société bouleversent nos rapports au temps, à la mémoire, à l’espace et à l’autre. Cette situation incite les chercheurs à repenser leur discipline sous un nouvel angle, à reconsidérer leurs objets d’études dans un contexte changeant, ainsi qu’à mettre en œuvre de nouvelles collaborations. Dans ce cadre, l’exploitation des archives par les artistes suscite de plus en plus d’intérêt, tant dans les milieux académiques qu’artistiques: là où il était question de patrimoine et de mémoire, c’est maintenant «l’archive» qui est interrogée dans sa qualité d’outil conceptuel pour penser les transitions du numérique.

Dans ce contexte mouvant, il s’agit d’explorer de nouveaux terrains pour l’archivistique afin de renouveler la réflexion et de nourrir les pratiques. De récentes études ont mis au jour l’intérêt de l’exploitation des archives par les artistes dans un cadre archivistique. Il a été démontré que ces créateurs mettent en lumière certaines caractéristiques et fonctions des archives, qui ne sont pas forcément prises en considération par les archivistes. De plus, certains archivistes appellent à une prise en considération des pratiques et disciplines en marge de l’archivistique pour comprendre les changements initiés par le numérique auxquels la discipline doit s’adapter.

En partant du point de vue de l’archiviste américain Rick Prelinger qui affirme que les pratiques les plus intéressantes dans la redéfinition de notre relation aux archives proviendront des pratiques en marge, que pourrait-on apprendre des artistes qui ont une relation aux archives dans leurs pratiques ? En adoptant un point de vue interdisciplinaire, cette conférence immersive propose d’instaurer un dialogue entre les différents acteurs réunis autour de l’archive, pour répondre aux interrogations actuelles des archivistes qui ne trouvent pas toujours de réponses dans le cadre traditionnel de leur discipline.

Simon Côté-Lapointe abordera la question de l’exploitation créative des documents audiovisuels d’archives numériques et en quoi celle-ci pousse les institutions et archivistes à repenser leurs moyens d’organisation et de diffusion sur le Web.

Guillaume Vallée abordera la question de l’artiste en tant que bricoleur et la relation qui existe entre ses différents dispositifs de création/diffusion et l’archive cinématographique, principalement au sein d’une scène audiovisuelle alternative.

Sonya Stefan parlera de sa pratique, qui mêle les médiums de la danse, du cinéma et des performances audiovisuelles, tout en mettant à l’honneur les défauts. Elle utilise des matériaux abimés de tous genres: des pellicules d’archives cinématographiques, des machines dysfonctionnelles et différents médias numériques trouvés sur l’Internet. 

GIF

Graphics Interchange Format : images animées tirées des vidéos du projet Archivoscope


VIDÉO 1. Montréal et la Grande Guerre

VIDÉO 2. 36 variations sur autant d’images

VIDÉO 3. Mémoires asynchrones

VIDÉO 4. Couper haut

VIDÉO 5. Cyberprimitivisme

VIDÉO 6. Les tombeaux du temps

VIDÉO 7. Cris et murmures ou La glossolalie du trompe-l’œil

VIDÉO 8. Incantations pour la fin du Temps