Le principe du glitch art est de modifier, de corrompre un fichier numérique par des moyens détournés.


Le projet Re-scan(s) : glitch d’archives explore la rencontre entre la mémoire documentaire et l’imprévu numérique, à travers la technique du glitch appliquée aux archives visuelles.

Partant de documents originaux issus du Service de gestion des documents et des archives de l’Université Concordia, ces images et sons portent déjà en eux des traces de corruption dues aux multiples transferts entre supports — pixellisation, distorsions, artefacts. Le projet s’inscrit dans une démarche de réappropriation et de transformation de ces « ratés » numériques, considérés non plus comme des erreurs, mais comme des formes d’expression nouvelles et fertiles.

La technique principale employée, le scan glitch, consiste à déformer volontairement un document lors de sa numérisation, en le déplaçant physiquement pendant le passage sous le scanner. Ce procédé crée des effets visuels uniques, hybrides entre hasard et intention, qui témoignent de la matérialité du support et du processus numérique.

À travers cette démarche, le projet questionne la pérennité de la mémoire numérique, la nature même des documents archivés et les limites de la représentation visuelle et sonore à l’ère digitale.

« On savait déjà que les ratés du numérique pouvaient donner naissance aux expérimentations musicales les plus intéressantes. Aujourd’hui, les partisans du glitch art transforment les bogues en images fascinantes. » (Arte, Glitch)

Le glitch peut s’appliquer tant aux documents visuels que sonores. Les documents originaux présentaient déjà plusieurs glitchs – pixellisation des images, distorsions numériques sonores, etc. – dus au transfert de support. Il ne me restait qu’à exploiter cette manne. Plusieurs techniques ont été expérimentées, mais peu sont applicables dans l’environnement Windows. En effet, à la différence de Mac, Windows permet peu ou pas la lecture de fichiers « corrompus » ou dont le codage a été modifié de manière non conventionnelle. Cependant plusieurs logiciels et ressources en ligne dédiés au glitch ont été testés, mentionnons au passage Corrupt.Video, Pixel-Drifter, Satromizer, GlitchPatternGenerator_5, Unsigned mirror et img glitcher.

Scan glitch

La principale technique retenue pour la vidéo, le scan glitch, consiste à déplacer un document lors de la numérisation à l’aide d’un numériseur pour créer des déformations. Étant donné que les documents reçus étaient en format papier, cette technique s’avérait particulièrement adaptée aux circonstances. C’est donc dire qu’il s’agit d’un triple transfert : le document ayant été une première fois numérisé puis imprimé par le service d’archives pour être par après numérisé de nouveau. Toutes les images proviennent du Service de gestion des documents et des archives de l’Université Concordia.

→ Voir aussi la vidéo 7. Cris et murmures ou La glossolalie du trompe-l’œil dans la section Projet Archivoscope.